Quand l’entreprise devient un lieu politique de passage à l’action !

L’entreprise a un rôle hautement politique dans notre société. Pas au sens partisan du terme, mais au sens du rôle et du service rendu à la cité. Cette affirmation pose directement la question aux entreprises de leur raison d’être et de l’engagement de leurs collaborateurs.

Ce n’est pas pour rien que depuis 10 ans on assiste, malgré le marasme économique, à une mobilisation toujours plus importante des communautés d’entreprises. Les entreprises Global Compact sous l’égide de l’ONU, les sociétés à mission, le mouvement B Corp et j’en passe. Dans ce contexte de course à la bonne certification, il y a effectivement une importance pour les entreprises, pour les marques, de rassurer sur leurs engagements auprès des consommateurs, auprès du marché, et surtout d’embarquer ses collaborateurs et sa filière à faire mieux.

C’est un jeu d’équilibre entre historique de l’organisation, contraintes de marché, volonté collective des acteurs de l’entreprise et pressions économiques. La raison d’être ou d’agir de l’entreprise, peut aussi bien devenir une boussole, qu’un faire valoir totalement déconnecté de sa réalité et de quotidien de ses collaborateurs.

L’entreprise est un lieu politique.

Le terme politês en grec, dérivé de l’adjectif politikos signifie “qui concerne les citoyens”. L’entreprise est un groupement de personnes, d’individus, de citoyens qui vivent et travaillent avec des convictions. Tout comme dans leur vie de citoyens, les collaborateurs aspirent de plus en plus à œuvrer pour le changement et passer à l’action. L’entreprise est un lieu qui fédère les gens, et l’engagement d’une entreprise passe par ses collaborateurs. En effet, cet engagement aujourd’hui ne peut plus se résumer à une grande politique RSE, à des ambassadeurs relais : on le voit depuis bientôt 10 ans, ça ne fonctionne pas, du moins, pas bien. Depuis la période COVID notamment, l’engagement au sein des entreprises a connu un recul important, voire historique, surtout en France, ce qui en fait le pays européen où les employés se sentent les moins engagés en entreprise (Étude Gallup 2025 : seul 8% des collaborateurs se disent engagés de manière global dans leur travail). Il faut donc toujours plus intégrer les collaborateurs dans une stratégie d’impact globale (en partant des enjeux RSE de l’organisation) pour générer le terrain de rencontre entre stratégie d’entreprise et émulsion salariale. En d’autres termes : créer un engagement des équipes terrain ; bref, de ceux qui font ! Cela va de l’éco-geste, simple et à la portée de toutes et tous,  jusqu’à la mise en place d’initiatives plus ambitieuses, qui deviendront des exemples, des influences ou des inspirations pour la stratégie globale de l’entreprise.

Cette organisation politique permet de donner du sens à notre travail mais surtout à notre rôle ; ce qui contribue incontestablement au bien-être, à la motivation, à l’autonomie et ainsi, à la performance. Et quand on est clair avec son rôle et son engagement, peu importe le niveau de ce dernier, on interagit mieux avec son écosystème et on agit donc mieux collectivement. On a ainsi moins de dissonance. 

Engager ses collaborateurs, c’est œuvrer pour l’évolution de ses pratiques et la mutation de son entreprise. Disclaimer : non, on ne va pas assez vite !

L’entreprise sait mobiliser depuis toujours ses collaborateurs sur l’efficacité, sur la performance, sur le bien-être au travail (depuis peu). Mais mobiliser sur l’impact et le sens de son travail et de ses actions, c’est un enjeu plus récent et demande à l’entreprise une stratégie et des outils. Ce nouveau mouvement de mobilisation est donc bien plus politique ; il demande une mobilisation plus individuelle et viscérale des collaborateurs et ce, au service du collectif.

Comment cela s’incarne pour nous, agence de design et de communication ?

Auprès de nos clients et dans nos projets, que ce soit au sein de petites marques engagées, en les invitant et les accompagnant à la certification B Corp comme la marque de protection intime féminine Jho. En accompagnant de grandes corpos dans la mobilisation de leurs collaborateurs autour des sujets RSE, comme Nespresso, accompagné de notre partenaire Lakaa (B Corp aussi !), ou encore en prenant part à des sujets engagés.

D’ailleurs, notre combat pour la place du vivant dans les organisations n’est jamais très loin ! En inscrivant notre organisation dans la pensée à visée régénérative, nous avons incarné notre volonté d’action dans le projet Entreprendre pour le Vivant, en partenariat avec l’Institut des Futurs souhaitables et le festival Agir pour le Vivant (Comuna). Cette démarche mise en place depuis 3 ans a permis de toucher plus de 1000 personnes, au travers de plus de 40 ateliers, webinars et salons, et surtout, elle devient un projet de recherche plus ambitieux en travaillant sur l’usine du futur, en lien avec le vivant, avec une grande marque de cosmétiques (on vous donnera plus d’infos prochainement…).

L’action politique que nous menons en tant qu’organisation ne peut se faire sans un écosystème d’acteurs, d’entreprises, de makers, d’associations et d’ONG. Cet écosystème s’incarne dans notre lieu, le centvingtsept, au cœur du 11e arrondissement de Paris, qui se veut un lieu d’engagement et de réinvention. Cette colocation d’une dizaine d’entreprises incube des projets communs (comme l’initiative Entreprendre pour le Vivant), héberge une programmation autour des sujets d’impacts comme notre dernière soirée en partenariat avec Laptop autour du rôle du design dans le service public à l’heure des restrictions budgétaires, ou encore, cette fois en partenariat avec Makesense sur le militantisme dans les organisations avec Sarah Durieux. Nous sommes aussi membre de plusieurs collectifs engagés comme la Convention des Entreprises pour le Climat, le mouvement Gen’Act, le Regen Ecosystem ou encore l’Association Design conseil.

Notre action politique s’incarne aussi dans des contenus qui vont au-delà de nos expertises et de notre métier. Nous nous efforçons de produire des contenus vidéo et audio mettant en avant des paroles et des actions que nous estimons précieuses, comme notre série de podcasts en partenariat avec B Lab France : Pour une économie du vivant. Cette série s’incarne dans deux saisons et 9 épisodes, qui donnent la parole à des scientifiques, des militants, des organisations qui pensent et agissent en faveur de la place du vivant et de la protection de nos écosystèmes.

Enfin, plus proche de notre métier, en tant qu’experts des sujets de RSE, nous produisons avec Lakaa le podcast Initiative.s, une série audio qui donne la voix aux dirigeants et dirigeantes d’entreprises, accompagnés de leurs responsables RSE qui agissent au sein de leur boîte pour une plus grande prise de conscience des enjeux d’impact.

L’idéal dans l’action politique est quand tout s’aligne, et que convictions, écosystèmes et projets se rejoignent. Ce fut le cas avec le Festival B Corp que nous avons co-organisé cette année avec Patte Blanche et B Lab France. La volonté était d’offrir une expérience immersive, différenciante et marquante sur une journée complète à plus de 300 festivaliers issus du mouvement B Corp, tout en s’éloignant au maximum des codes des événements corporates habituels. Une programmation très riche allant d’ateliers de prospective, des cercles de sensibilisation sur des sujets essentiels comme par exemple l’inclusion, ou encore la vulnérabilité. Le tout rythmé par deux plénières permettant des moments inspirants avec des speakers aux paroles engagées comme Michaël V.Dandrieux, Souad Boutegrabet, Rasmina Houmadi Oili, Marine Calmet, ou encore Achraf Manar. Un événement politique invitant à repenser la place de nos organisations, leur rôle, leur raison d’être et d’agir et surtout notre action, en tant que collaborateurs et citoyens.

Alors allons-nous assez loin ? Assez vite ? Malheureusement non. Comme toutes les entreprises enchâssées dans le système capitaliste, nous devons affronter nos biais, jouer avec les règles du Monopoly. Cela étant dit et accepté, c’est toute la force de l’action politique, qui s’inscrit souvent en défiance du système en place.

Nous ne le dirons jamais assez, l’entreprise est un lieu politique et a un rôle politique. Et comme dans toutes cités, comme dans toutes communautés, l’adhésion passe par l’engagement, la volonté de faire mieux, ensemble. C’est aussi le rôle que l’on se donne en tant qu’entreprise, en tant que membre et animateur de communautés et surtout en tant qu’agence de Design et de communication. Œuvrer pour un design utile et impactant, nourrir les nouveaux récits, et engager vers une transition durable : nos collaborateurs, nos écosystèmes, les marques, les communautés, bref les individus !